Dans la course, Ann Patchett.

« Il avait l’intonation parfait, jusqu’aux inflexions lyriques des fins de phrases. On se retournait pour regarder ce jeune Noir réciter à un homme blanc plus âgé le discours de Jackson à la Convention. Jackson, au premier rang, le regarda par-dessus ses lunettes, curieux de voir qui contrefaisait sa voix. Il fit un signe de tête à Teddy qui sourit et lui répondit d’un geste discret, mais enthousiaste. Le public se demanda si le jeune homme se moquait de Jackson ou s’il était fou. Après tout, il y avait, en général, au moins un cinglé dans ce genre de conférence ! Ce jeune homme mettait-il mal à l’aise l’homme plus âgé à ses côtés ? Aucun des retardataires qui cherchaient en vain une place ne se demanda s’ils étaient père et fils.« 

Dans un Boston enneigé, un jeune homme noir est sauvé par une femme qui le pousse violemment pour lui éviter de se faire rouler dessus par une voiture. Le jeune homme noir est un des fils adoptifs de l’ancien maire blanc de la ville. La femme est sa mère biologique qui, quoique ayant fait le choix de faire adopter ses deux fils, veille sur eux à leur insu depuis toujours. Elle est ce jour-là accompagnée de sa jeune fille très désireuse de mieux connaître ses frères.
Cet événement va faire se percuter deux mondes à la fois différents et complémentaires pour réinterpréter la notion de famille.

Ce roman est très agréable à lire, les personnages sont variés et très bien campés. Les dialogues s’enchaînent avec fluidité et les bons sentiments réchauffent le cœur. Il ne s’agit pas du tout pour moi d’un roman réaliste (alors que j’ai pu lire ici ou là que ce roman posait la question des conditions de vie des afro-américains ce qui me semble un peu exagéré…) mais plus d’une réflexion bienveillante sur les liens du sang et les liens de l’affection.