La poésie de Madeleine Riffaud

En ce #lundipoésie particulier où le déconfinement nous enivre autant qu’il nous angoisse, je vous propose un poème militant pour des lendemains qui chantent.
Il est écrit en 1946 par Madeleine Riffaud, poétesse de 21 ans au passé de résistante et d’activiste déjà intense. Elle le dédie à Paul Eluard.

« La liberté c’est ce cours d’eau
Qui vient passer sur ta maison.
Tous les gens de la rue y puisent à pleins seaux
Les filles fatiguées y viennent se baigner
Le soir, quand la sirène ouvre les ateliers.
Et l’on y lave, aussi, les vestes de travail.
.
Je te regarde face à face
Et je vois l’eau du fleuve
Aux hublots de tes yeux.
.
Tu t’en vas sur le fleuve,
Avec le fleuve, vers la mer.
Je viens, nous venons tous, nous nageons près de toi,
Écume du sillage ou feuilles emportées,
Frôlés de poissons d’or, survolés d’éperviers.
.
C’est un fleuve sans rive et notre foule s’y perdra,
Se fondra, fraternelle, à celle de partout.
.
Demain, ceux qui vivront trouveront naturel
D’être au large, au soleil, sur la mer Liberté.
«