La poésie de Cesare Pavese

J’ai eu envie de partager avec vous pour ce #lundipoesie les textes d’un auteur italien que j’aime énormément, Cesare Pavese. Vous le connaissez peut-être déjà par ses romans et son histoire complexe.
Je ne lis malheureusement pas l’italien et je m’en remets donc ici aux belles traductions de Gilles de Van pour Gallimard.
Dans le recueil qui rassemble « Travailler fatigue » et « La mort viendra et elle aura tes yeux » j’ai choisi de vous faire lire le poème qui donne son nom au deuxième ensemble de textes qui datent de 1950 – quelques mois avant que l’auteur ne se donne la mort. L’ensemble est sombre mais j’y trouve également une grande douceur. Un poème parfait pour ce #bluemonday 😊

« La mort viendra et elle aura tes yeux –
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu’au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muets.
«