L’ordre du jour, Eric Vuillard.

« On ne tombe jamais deux fois dans le même abîme. Mais on tombe toujours de la même manière, dans un mélange de ridicule et d’effroi. Et on voudrait tant ne plus tomber qu’on s’arc-boute, on hurle. A coups de talon, on nous brise les doigts, à coups de bec on nous casse les dents, on nous ronge les yeux. L’abîme est bordé de hautes demeures.« 

Le récit des quelques jours qui ont mené à l’Anschluss en suivant les pas de danse élaborés d’une grande bourgeoisie qui renonce aux libertés de tous pour assurer ses revenus.
Ce livre m’a frappée par sa langue très riche et très maîtrisée, l’opulence du discours tenu.

Mais finalement quelque chose me tarabuste avec ce roman : je me demande si ces très belles phrases dramatiques et moralisatrices voire moqueuses ne sont pas parfois tout aussi démagogiques/égocentriques que les errements des individus qu’elles dénoncent… J’y sens une certaine satisfaction, une forme de contentement de soi de l’écrivain qui me gêne.
Certes, le livre se termine sur un avertissement, un rappel bienvenu sur le fait que l’Histoire peut toujours se répéter mais j’ai du mal je crois avec l’idée d’un exercice de style sur cette période là.