Nous avons tué Stella, Marlen Haushofer
Traduit de l’allemand par Yasmin Hoffmann et Maryvonne Litaize.
« Voici peu de temps, une de mes rédactions d’écolière que j’avais retrouvée me plongea dans la stupéfaction. Je n’en avais aucun souvenir. Mais l’écriture m’était familière, c’était l’écriture d’une fillette de quatorze ans, pleine de confiance et dont la personnalité était encore intacte. Où est-elle passée au cours des ans ? Je l’ignore. Envieuse et admirative, la femme de quarante ans que j’étais devenue fixait la feuille de papier avec, au cœur, la certitude d’une grande perte.«
Une jeune femme est morte sous les roues d’un camion. Officiellement, c’est un accident mais Anna, bourgeoise oisive et isolée, sait qu’il s’agit d’un suicide. Elle a accueilli Stella au sein de sa famille (ou du moins toléré), vu son mari la séduire pour ensuite s’en lasser. Elle retrace dans ce texte-confession les quelques grands moments de silence, de passivité, d’endormissement et de lâcheté qui ont conduit à ce drame.
Un très court texte, 80 pages, qui expose à la fois un malaise conjugal et familial, la violence étouffée d’un milieu bourgeois qui n’a de compte à rendre à personne et l’emprise quelconque d’un homme sur son foyer. C’est assez glaçant tant le fond et la forme véhiculent les marécages de passivité dans lesquels cette femme est engluée depuis des années, vivant sa vie comme anesthésiée.
Un très grand merci @papiercrepon puis @clajalit pour m’avoir donné envie de lire ce bouquin étrange et singulier!