Comment aimer sa fille, Hila Blum.
Traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti.
Editions Robert Laffont
« Je ne comprends pas de quoi ma fille est faite. Je l’aime d’un amour insupportable, peut-être impossible, et je déteste ce garçon exactement de la même manière.«
Aux Pays-Bas, dans le secret de l’obscurité et de la rue, une femme observe une famille par la fenêtre de leur maison. Le père, les deux filles et enfin la mère. Elle se nourrit de cette scène chaleureuse et sereine.
Cette femme c’est Yoella, les deux enfants sont ses petites-filles mais c’est la première fois qu’elle les voit car, un beau jour, sa fille unique a décidé de couper les ponts avec elle et de partir sans lui dire où elle allait. Pourtant, lorsque Yoella raconte sa maternité et sa fille, elle évoque un amour immense, viscéral, réciproque, presque démesuré. Peut-on trop aimer sa fille ? A quel moment et comment nait un éloignement ? Dans la somme de décisions et d’actes d’amour quotidiens que peut être la maternité, où se niche le début de la fissure ?
Le titre et la couverture de ce roman m’ont instantanément happée, attrapée au vol en allumant tous les voyants en moi. J’ai énormément aimé cette lecture complexe et virtuose.
Dans ce récit fait par la mère, et dans une cellule familiale matrilinéaire et réduite, pas de place pour la voix de la fille. C’est à celui ou celle qui lit d’imaginer son point de vue, de chercher à équilibrer la vérité d’une personne avec les récits alternatifs potentiels. J’ai trouvé ce texte brillant et éprouvant, il me reste en mémoire depuis septembre.