La vérité — tue, Sonia Feertchak.
@philomag
« Dans les familles, la victime est, en tant que messagère de l’existence du mal, reconnue coupable de l’avoir fait apparaitre quand l’entourage refusait de le voir. Aussi est-elle sacrifiée, chez Christie, pour que la vérité devienne factuelle et la malveillance irréfutable. Mais le sacrifice n’est pas vain: il permet que soient révélées, et donc réparées, les autres petites morts, blessures physiques, symboliques ou psychiques qu’engendre tout processus de destruction.«
Fascinée par l’œuvre d’Agatha Christie et la constance de son attractivité pour un lectorat varié, l’auteure se plonge dans une analyse de ce qui rend ces enquêtes criminelles addictives. Très vite, elle isole un point commun : la grande majorité des meurtres a lieu dans le cadre familial.
En tirant ce fil, elle arpente cet univers romanesque singulier et nous le présente sous un angle tout à fait neuf et fertile. Analyse du silence dans les familles, place des violences psychologiques comme préalables aux violences physiques, situation des femmes et des enfants entre victimes désignées ou coupables impensés, les différentes pièces de la maison comme autant d’espaces de représentation et de pouvoir …
J’ai trouvé ce livre passionnant ! Il est construit comme les enquêtes analysées, autour d’une succession d’indices qui au fur et à mesure que l’intrigue avance fait basculer les représentations pour mener vers la résolution de l’enquête. J’ai aussi appris ou redécouvert certains épisodes de la vie d’Agatha Christie pas piqué des hannetons et cela m’a, bien sûr, donné une furieuse envie de relire quelques titres avec ce nouveau point de vue.