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« Qu’est-ce qu’un chef-d’œuvre, sinon un travail accompli avec une telle grâce que toute trace d’effort en a été magiquement effacée ?« 

Comment travaillent les grands écrivains américains ? Sont-ils forcément des self-made men solitaires, virils et amateurs de whisky ?
L’autrice analyse les parcours de trois « légendes » – Faulkner, Hemingway et Steinbeck – en mesurant l’écart entre le récit qu’ils en font dans des entretiens pour un magazine littéraire et d’autres éléments à sa disposition comme leurs correspondances par exemple.
Elle souligne à quel point ces auteurs, l’âge ou la reconnaissance venant, se composent une identité d’écrivain qui devient progressivement un personnage à part entière. Entretenant à leur tour la figure du créateur passionné qui les légitimera, ils gomment spontanément les aides domestiques et le travail quotidien souvent ingrat derrière leur succès.

J’ai apprécié la lecture de ce court essai. Je suis toujours dubitative quand un.e artiste raconte son histoire (et d’autant plus, je l’avoue, lorsqu’il s’agit d’un artiste homme à succès) car je sais combien tout récit est un lieu d’enjeu et un terrain de jeu.
J’ai trouvé instructif et surprenant de voir à quel point ces trois auteurs américains n’ont finalement quasiment pas dévié du récit convenu…