Lièvre blanc, Kenneth White
Pour ce #lundipoésie je reviens avec un recueil que j’aime beaucoup lire quand il fait froid dehors : « Un monde ouvert » de Kenneth White traduit de l’anglais par Marie-Claude White.
Je vous partage ce matin deux poèmes que j’aime particulièrement.
Bois d’hiver
« J’ai mis les livres de côté
et je vois les dernières pommes
tomber des arbres gelés
j’ai vu aussi les glands darder
leurs pousses rouges
dans le sol dur
et l’écorce des bouleaux blancs
fut pour moi plus que tous les livres
et ce que là je lus
dénuda mon cœur au soleil d’hiver
et ouvrit ma cervelle au vent
et tout à coup
tout à coup je sus dans ce bois d’hiver
que j’avais toujours été là
avant les livres
comme après les livres
il y aura un bois d’hiver
et mon cœur nu
et ma cervelle ouverte au vent. »
Poème du lièvre blanc
« Une pensée qui a bondi hors comme un lièvre
Sur la lande de derrière un grand rocher
Oh de bondir le lièvre blanc et la bruyère
Lui faisait un beau monde ardent où folâtrer
Justement ce jour-là sur la lande, un jour gris
En marche sur les vents, s’enfonçant dans l’hiver
Un jour pour une mer étincelante
A trois milles au large dans le goulet des îles
Un jour juché au bout de l’an et un silence
A fendre le cœur oh
Le lièvre blanc voyez bondir le lièvre blanc.«