Poésie méditerranéenne féminine
Je poursuis mon #lundipoésie en compagnie de l’anthologie de la semaine dernière et vous propose deux voix féminines.
Ana Paula Inácio (traduit du portugais par Michel Chandeigne)
« Laisse le temps faire le reste
Fermer les fenêtres
Encalminer les navires
Recueillir les vivres
Semer la chance
Allumer le feu
Attendre le souper
Ouvre les portes : déchiffre la lumière
L’ombre, l’art de l’oiseleur
Avec trois bouts de bois
Tu fais un canoë
Avec quatre, un vers,
Laisse le temps faire le reste. »
Ana Ristovic (traduit du serbe par Mirjana Cerovic-Robin)
« Ce n’est pas sur des couverts de table
que l’on construit une maison
bien qu’une cuillère de rechange soit utile.
Ce n’est pas sur des rideaux neufs
qu’on construit une maison
bien qu’il faille parfois mettre à l’abri
des visions qui changent derrière une toile neuve.
Pour que une maison devienne la maison
il faut entre autres un tas de choses,
toutes celles auxquelles par avance
tu renoncerais avec grand plaisir.
Ecoute bien ce que disent les Esquimaux :
pour construire un bon igloo
il faut porter pendant des années
de la neige dans les chaussures
Et une épingle, oubliée
dans le col de ton manteau
tout près de la veine sortant du cœur.«