Swing Time, Zadie Smith.
« A truth was being revealed to me: that I had always tried to attach myself to the light of other people, that I had never had any light of my own. I experienced myself as a kind of shadow.”
Deux petites filles métisses se lient d’amitié autour de leur passion pour la danse dans le Londres des années 80. Leurs destins seront très différents – danseuse émérite pour l’une et assistante personnelle d’une star pour l’autre – leur vies irrémédiablement marquées par les choix de leurs mères respectives (blanche d’un milieu populaire pour l’une et noire autodidacte et militante pour l’autre).
Ce roman d’apprentissage d’une facture très classique est le premier texte de Zadie Smith que je lis. Je n’ai pas particulièrement été saisie par la singularité de sa voix et j’ai mis un certain temps à lire ce livre mais il y a un point que j’ai trouvé passionnant.
La narratrice (une des deux petites filles) mène tout du long du livre une vie sur le côté, la vie d’un témoin qui relate, la vie de celle qui regarde passer la vie des autres.
Ce n’est pas qu’il ne lui arrive rien car dans un sens elle mène une vie marquée par des rebondissements mais c’est plutôt comme si ce qui arrive ne la concernait que de très loin. La seule chose qui semble lui être propre et cet attachement ambivalent et ponctué de jalousies à l’autre fillette.
Cette narratrice n’a pas de nom, ses sentiments sont présentés de façon diffuse, on les déduit plus qu’ils ne nous sont exposés.
J’ai trouvé cette présentation d’un personnage central passionnante car elle colle avec le sentiment de perte de contact avec la réalité que rapporte le livre : enfances nourries de rêves fous et de fantasmes, adolescences noyées dans les idées sans actions, règne du showbiz, pouvoir de l’argent et piège de la revanche sociale… des sujets traités par le biais de l’invisibilité de la narratrice.