A ce stade de la nuit, Maylis de Kerangal.
« La nuit s’est creusée comme une vasque et l’espace de la cuisine se met à respirer derrière un voile fibreux. J’ai pensé à la matière silencieuse qui s’échappe des noms, à ce qu’ils écrivent à l’encre invisible. A voix haute, le dos bien droit, redressée sur ma chaise et les mains bien à plat sur la table et sûrement ridicule en cet instant pour qui m’aurait surprise, solennelle, empruntée, je prononce doucement : Lampedusa.«
Un long monologue intérieur, promenade nocturne immobile qui déplie peu à peu ce que le nom de ‘Lampedusa’ évoque pour l’auteure.
Un soir d’automne, elle est seule dans sa cuisine lorsqu’elle entend ce nom à la radio…entre le texte du Guépard, le film de Visconti avec Burt Lancaster, les paysages méditerranéens et la fin tragique des migrants commence alors une nuit blanche faite de réminiscences très personnelles.
Je trouve ce texte remarquable.
Je suis plus touchée et admirative de sa forme que de son fond mais il m’a emportée dans les réflexions en spirale d’une nuit blanche comme si j’y étais et m’a rappelé le plaisir de se laisser porter d’idée en idée.
Un très grand merci @marie.lit.des.livres pour m’avoir fait découvrir ce texte court, poétique et évocateur !