Septième portrait de femme de fiction qui m’ont nourrie : un personnage entre deux continents dans un roman d’apprentissage, Rosalie l’héroïne de Rosalie Blum, le roman graphique de Camille Jourdy.

Rosalie est une quinquagénaire relativement solitaire et apparemment quelconque qui travaille dans une épicerie et chante dans une chorale. On la découvre par les yeux de Vincent Machot, quadragénaire célibataire encore sous la coupe de sa mère, intrigué et attiré par son visage qui lui semble étrangement familier. Il commence à la suivre de façon régulière, à observer son quotidien, comme en cherchant à saisir le mystère qu’il projette sur cette femme. Rosalie se rend compte qu’elle est prise en filature et mi-agacée, mi-amusée envoie sa nièce prendre Vincent en filature à son tour… Ce dispositif nous fait découvrir toute une galerie de personnages singuliers aux vies à la fois tout à fait commune et complètement barrées. Dans ce monde, Rosalie reste toujours un peu à part quoiqu’active et ne révèle que par petites touches progressives la raison de son étrangeté.

En quoi Rosalie est-elle un personnage féminin marquant ?
Rosalie c’est nous et c’est notre voisine, la femme qu’on croise dans un commerce ou à un arrêt de bus : un visage anodin et une vie qu’on imagine aussi routinière que la nôtre. C’est aussi la femme révélée par le regard d’un homme, regard singulier, maladroit mais bienveillant qui lui donne une épaisseur insoupçonnée. C’est également la démonstration que les drames intimes ne se voient pas à l’œil nu et qu’il y a en nous des profondeurs que nous ne laissons pas toujours paraître. C’est enfin, un personnage de femme qui n’a pas besoin d’en faire trop pour être passionnant.

A qui conseiller cette lecture ?
A tout le monde bien sûr ! A celles et ceux qui ont envie de douceur sans niaiserie, d’intelligence sans snobisme et qui veulent regarder leur prochain avec une curiosité ouverte et le plaisir de se laisser surprendre.

Et vous, avez-vous déjà fait la rencontre de cette mystérieuse inconnue ?