In absentia, Raphaël Jerusalmy.
Actes Sud
« Des débuts de phrase se forment, s’effacent, reviennent bourdonner à ton oreille. Tu les chasses comme autant de tentations. Tu ne veux pas qu’ils s’emparent de ton rêve.«
Un écrivain déporté politique est interné dans le camp de concentration du Struthof en Alsace. Une succession de hasards lui permet survivre en même temps qu’elle l’amène à endosser un rôle critique : il achève à mains nues des déportés ayant subi des expériences « scientifiques ». Il essaie d’accomplir ces gestes avec douceur et attention pour conserver son humanité mais la culpabilité le dévore. Pour ne pas basculer dans la folie, il s’échappe en rêve jusqu’au temps des Croisades.
En parallèle, un galeriste d’art juif homosexuel se refuse à croire aux horreurs et aux menaces qui font fuir ses amis hors de France. Entre la mescaline et ses tableaux préférés, il tente de reculer l’inexorable…
Ce livre m’a beaucoup remuée. J’ai été transportée par l’intrication du réel et de l’imaginaire, par la démonstration de la valeur essentielle et vitale de l’art. J’aime son titre évoquant le jugement par contumace, la disparition intérieure progressive de l’écrivain et la disparition littérale du galeriste d’art.
Bien sûr, la violence des faits m’a noué le ventre. J’en retiens pourtant surtout la force de l’esprit et sa capacité à inventer d’autres lieux mentaux pour survivre.
Merci @readreadbird pour ce conseil de lecture !
La très belle et saisissante couverture reproduit une photographie prise par André Kertész des lunettes et de la pipe de Mondrian.