Poésie en couleurs

Poésie en couleurs

Pour conclure cette série de #lundipoésie dédiés aux couleurs je vous propose un final aux tonalités amoureuses…

in Poème de l’amour, Anna de Noailles. (1924)
« J’ai perdu l’univers puisque tu me suffis,
Je vois qu’il appartient aux autres; quelquefois
Je songe à la grandeur que l’espace eut en moi,
Mais j’ai quitté l’azur à cause que tu vis.
Je regarde et j’entends les secrets mouvements
De l’infini, des sons, des parfums, des couleurs;
Mais l’air, l’arbre, les monts ne sont qu’un vêtement
Que j’écarte des doigts comme une humble vapeur,
Pour que tu restes seul parmi les éléments
À vivre dans la vie ainsi que dans mon cœur…
« 

in l’Amour la poésie, Paul Eluard. (1929)
« Bouches gourmandes des couleurs
Et les baisers qui les dessinent
Flamme feuille l’eau langoureuse
Une aile les tient dans sa paume
Un rire les renverse.
« 

Emily Dickinson
« Nature rarer uses yellow
Than another hue;
Saves she all of that for sunsets, —
Prodigal of blue,
Spending scarlet like a woman,
Yellow she affords
Only scantly and selectly,
Like a lover’s words
. »

in Lettera Amorosa, René Char. (1952)
« (…) L’automne! Le parc compte ses arbres bien distincts. Celui-ci est roux traditionnellement; cet autre, fermant le chemin, est une bouillie d’épines. Le rouge-gorge est arrivé, le gentil luthier des campagnes. Les gouttes de son chant s’égrènent sur le carreau de la fenêtre. Dans l’herbe de la pelouse grelottent de magiques assassinats d’insectes. Écoute, mais n’entends pas.

Parfois j’imagine qu’il serait bon de se noyer à la surface d’un étang où nulle barque ne s’aventurerait. Ensuite, ressusciter dans le courant d’un vrai torrent où tes couleurs bouillonneraient.

II faut que craque ce qui enserre cette ville où tu te trouves retenue. Vent, vent, vent autour des troncs et sur les chaumes.(…) »