La jungle, Upton Sinclair.
Traduit de l’anglais par Anne Jayez et Gérard Dallez.
Le livre de poche
« Jamais auparavant il n’avait porté un regard aussi lucide sur le monde civilisé, ce monde qui ne reconnaissait que la force brutale, où l’ordre social avait été établi par ceux qui possédaient tout pour asservir ceux qui n’avaient rien.«
Début du XXème siècle, Chicago (la ville où les bandits règnent en maîtres selon Tintin – on a les sources qu’on peut) : l’industrie de la viande et ses fameux abattoirs attirent les populations fraîchement immigrées en quête de travail, d’argent et d’un avenir meilleur.
Jurgis – sorte de force de la nature venue de Lituanie – se retrouve rapidement embauché et porte tous les espoirs de la famille avec laquelle il est arrivé. Avec lui, on découvre peu à peu les rouages de cette industrie, les différents métiers et leurs réalités quotidiennes et ce qui semblait une planche de salut devient l’enfer d’une jungle où perdre toute espérance.
Ce livre a été une lecture littéralement hallucinante !
Il fonctionne comme un documentaire romancé et a été publié en 1905 dans un journal socialiste sous forme de feuilleton. Traduit en plus de quinze langues, il a choqué son lectorat au point d’obliger le président Roosevelt à réagir publiquement en diligentant une enquête.
J’ai lu ce livre comme une épreuve de plus de 500 pages : à la fois car la description des abattoirs et de l’industrie de la viande m’a collé des haut-le-cœur constants et parce que la mécanique globale de ce système vient broyer sans pitié animaux, hommes et femmes pour le bénéfice de quelques puissants.
Bien sûr, tout est actuel, à un point que c’en est déstabilisant.
La dernière cinquantaine de pages vire un peu au programme politique et ne m’a pas emportée mais c’est vraiment un détail par rapport à la force du propos et à l’impact de ce roman sur moi.