L’oiseau canadèche, Jim Dodge.
Traduit de l’anglais par Jean-Pierre Carasso.
@editions1018
« Quand Pépé eu joué de la manivelle pour abaisser sa vitre, le gérant jeta un coup d’œil à l’intérieur de la cabine pour bien s’assurer de la présence de Canadèche et demanda :
– Que fait ce canard dans mon établissement ?
– Elle veut voir le film dit aimablement Titou, devançant son grand-papa qui commençait à écumer.
– Nous refusons absolument tout ce qui sort de l’ordinaire.
Jake explosa :
– Eh ben, ça doit vous faire une petite vie bien merdeuse et salement étroite, non ? Alors voilà : il se trouve que vous avez ici un canard d’attaque, dressé pour le kung-fu et spécialement élevé pour nous par la société Tong. Nous la laisserions bien à la maison mais elle massacre tous les coyotes.«
Un vieil homme solitaire, buveur chevronné, plusieurs fois divorcé, joueur invétéré et allergique à toute contrainte ou convention accueille dans sa ferme son petit-fils devenu orphelin. Le petit-fils en question est immense, costaud, réfléchi, placide et légèrement obsessionnel.
L’un cuve son alcool jusqu’à midi quand l’autre plante des clôtures dès l’aurore, l’un se refait un peu d’argent au poker quand l’autre s’entraîne inlassablement aux échecs, l’un s’emporte au quart de tour et l’autre arrondit les angles avec douceur et résolution.
Avec eux, un sanglier déchaîné et une cane colvert trop grosse pour voler.
Ce très court récit m’a délicieusement divertie le temps d’un trajet en train et j’ai autant songé que souri en tournant les pages.
J’ai aimé le ton direct et truculent, l’énergie et la philosophie des propos.
Je m’aperçois pourtant que je ne m’en souviens plus bien quelques semaines plus tard au moment d’écrire ce post.