Comme des bêtes, Violaine Bérot.
Editions Buchet Chastel
« Mais pourquoi on charcute les gens qui ont rien demandé ? Pourquoi on casse toujours tout ce qui fonctionne ? Pourquoi on a toujours besoin de chercher la merde ? Je comprends pas, moi.«
Dans la montagne pyrénéenne, après avoir passé le dernier village isolé, en surplomb, se trouve la grotte aux fées. La légende raconte qu’elles y cachaient les enfants qu’elles avaient volé.
Aux alentours, loin des regards, vivent un fils mutique et sa mère. Il est immense et silencieux, une force de la nature. Lorsqu’il était enfant et allait encore à l’école, les autres l’appelaient « l’Ours » et l’institutrice ne savait que faire de lui. En marge du village, il a toujours peur des hommes mais vit en harmonie avec les animaux.
Lorsqu’un randonneur de passage découvre non loin de la grotte une petite fille jouant nue et que l’Ours s’interpose entre eux de toute sa stature, il signale les faits avec inquiétude à la police. L’Ours est alors placé en détention, le temps qu’on comprenne ce qu’il se passe.
Pour nous guider ou nous égarer, les voix de différents villageois donnent leur point de vue dans de courts chapitres comme autant d’interrogatoire.
J’ai été saisie par cette lecture en juin dernier et j’en suis sortie bien en peine de dire tout de suite ce que j’en avais pensé. J’y ai vu une sorte de conte brutal, qui se sert du contraste entre le social et le merveilleux pour questionner notre perception de la normalité et de la façon dont nous choisissons ou non de protéger l’enfance et la différence.
Le jeu entre les différents points de vue permet de créer de la poésie et des déséquilibres qui nous amènent à réviser constamment notre compréhension.
Un encouragement à avancer le pied léger avec un peu plus de subtilité et de délicatesse …