Dans l’ombre du brasier, Hervé Le Corre.
Editions Rivages
« Et puis un jour, peut-être dans vingt ans, j’en sais rien, on aura notre revanche sur les sabreurs et les bourgeois. C’est pour ça aussi qu’on doit rester vivants, nom de Dieu. Parce que de toutes les façons ils pourront pas nous tuer tous. Il faudra oublier la terreur, retrouver des raisons de vivre, regagner des forces, de la volonté. Nous tous, du pauvre monde, on est plus nombreux qu’eux. C’est impossible qu’ils arrivent à nous tenir sous leur talon encore longtemps. Ce qu’on a essayé de faire, ça servira de modèle et ce qu’on a raté ça servira de leçon.«
1871, le joli mois de Mai, au cœur de la dernière semaine de la Commune à Paris, la semaine sanglante.
Les soldats fédérés se battent de barricades en barricades, dans un grand désordre et avec l’énergie du désespoir. Entre un trio de camarades qui joue à cache-cache avec la mort et une armée d’infirmières ou cantinières qui soutiennent les troupes autant qu’elles le peuvent, le peuple de Paris souffre.
Au milieu de cette guerre civile, les opportunistes sont légion : un homme kidnappe des jeunes femmes et les apporte à un photographe qui les immortalise en train d’être violentées et revend ses images à une clientèle avide. Antoine Roques, relieur de formation venant d’être nommé inspecteur par ses camarades, se lance dans cette enquête à l’ombre du brasier.
Punaise, quel bouquin ! Comme je le disais à mes comparses de lecture (dans le cadre du #bookclubpagesauvages d’avril) j’en suis sortie ébouriffée et haletante ! J’ai été précipitée dans le brasier par une écriture à la fois lyrique et nerveuse, menée au pas de course dans des rues de Paris méconnaissables et soutenue par une utopie politique galvanisante.
Là-dedans, franchement, l’enquête policière m’importait peu. Elle était pourtant le parachèvement et le rappel que toutes les luttes politiques sont exploitées par des vautours qui s’y abritent et s’en prennent aux plus faibles.