La poésie de Beatrix Beck

Un #lundipoésie qui mâche les mots pour mieux jouer avec eux et les faire déraisonner !

Je découvre avec très grand plaisir la poésie de Beatrix Beck, poétesse française d’origine belge. Ses mots sont rudes, âpres et dangereux : ils racontent la vie violente, la soif enragée de l’amour, la dureté des relations.
Ses poèmes donnent envie de les entendre à voix haute et me semblent parfait pour du slam. Et, pour ne rien gâcher, l’édition du bouquin est très réussie !

Je vous propose de découvrir le poème « Les mères les mégères les ménagères les menades »

« Les mères les mégères les ménagères les menades
Marchandent une tête un pied une langue
Quémandent un os innominé
Plongent leurs draps de noces dans la source pétrifiante
Se badigeonnent les seins d’aloès
Battent leurs filles et les blancs d’oeufs en neige
Mènent la plus laide au couvent et la vache au taureau
Appelle petit! petit ! quand passent les revenants
Écument le pot aux roses piègent l’anguille sous roche
Réduisent les dolmens en gravillons
Gardent le sang du lièvre l’eau de pluie et les queues de cerises
Trouvent une aiguille dans une meule de foin par le chas passe un chameau
De Dieu font leurs choux gras
Déterrent les truffes au pied du calvaire
Sèment le vent récoltent des nèfles et l’oignon des larmes
A force d’agonir finissent par agoniser
Vinaigre des quatre voleurs sur leurs sueurs
Croix de simili sur leur cœur
La vie la victime la victoire s’échappe.
 »