La poésie de Müesser Yeniay

Un #lundipoésie avec la voix très singulière de Müesser Yeniay, jeune poétesse turque résidant en France. Je continue mes découvertes aux @editions.bruno.doucey avec grand plaisir.

Les poèmes de cette auteure sont tranchants, lyriques et m’ont beaucoup émue. Je vous laisse en découvrir un en particulier et je vous souhaite une bonne semaine.

« A présent ne me parlez pas des hommes
Je souffre tant que
je réveille les pierres souterraines
ma féminité
ma tirelire que l’on remplit de pierres
un nid à vers, à pics verts
descendant sur son corps, tanière pour les renards,
de nouvelles graines sont parsemées sur mes bras
on recherche l’homme de sa vie, c’est un sérieux problème
ma féminité est mon hors d’œuvre
et mon aine la maison d’une absence
le monde s’arrête là
bravo à toi qui t’y jette parmi ses déchets
en arrivant raconte-lui la chair se détachant de l’ongle
vécu avec la science de l’arrachement
raconte-lui cette maladie sans pitié
dans vos regards sa chair a froid comme un agneau tondu
moi je ne vous suis pas redevable de l’utérus de votre mère, mon cher,
ma féminité, un continent usurpé
je ne suis pas non plus un champs à semer…
creusez en mon corps cet organe que je n’ai pas
si j’avais pu le faire glisser tel la mue d’un serpent
vers le crime de ne pas être mère
ce que l’on divise n’est pas la patrie mais le corps des femmes
à présent ne me parlez pas des hommes.
«