La vie de ma mère, Magyd Cherfi.
Editions Actes Sud
« J’ai même subodoré chez elle un – disparais de ma vue, cataracte du cœur. Je commençais à admettre qu’on puisse être mère et vomir sa couvée, qu’on pouvait être frère et vomir la fratrie, qu’on pouvait être un bon père et ne pas vouloir de ses mômes tous les jours à la maison – et que tous les parents devraient avoir des doubles qui leur permettraient de respirer, que des « pauses parentales » pourraient être une antidote à l’usure.«
Après huit mois de bouderie intense qui l’ont coupé de sa mère, Slimane – la cinquantaine, divorcé, hébergeant ses deux ados à la répartie facile – se décide à renouer le contact. Il approche sa mère vieillissante avec crainte : il la sait virulente, prompte à attaquer verbalement et incapable de faire preuve aujourd’hui de l’affection qu’elle diffusait généreusement lors de l’enfance. Il la découvre amoindrie, endolorie et isolée et décide de prendre soin d’elle quitte à devoir batailler pour lui faire accepter son aide. Ce sera l’occasion de découvrir la femme dissimulée derrière la mère et de questionner le fonctionnement de leur famille.
J’ai beaucoup aimé ce livre !
Son humour, son panache, sa finesse et sa franchise sont vivifiantes. Chaque page travaille l’implicite familial, déplie les angles noués et tordus des relations, s’attache à donner de l’air et de l’espoir.
J’ai aussi été touchée qu’il ait été écrit par un homme : je m’aperçois que cela faisait longtemps que je n’avais pas lu de roman écrit par un homme à propos d’une femme qui ne soit pas un objet de désir. J’ai trouvé ce texte simple à lire et profond dans son propos. Je vous le recommande.