Les chutes, Joyce Carol Oates.
Traduit de l’anglais par Claude Seban.
« Il comprenait le charme primitif, maléfique, des Chutes: il commençait à éprouver de nouveau l’attirance sinistre qu’il avait ressentie des années auparavant, à l’adolescence, lorsque ses émotions étaient plus brutes, plus proches de la surface. Cette impression de dissolution, de perte, de panique, très voisine de ce que l’on ressent lorsque l’on tombe amoureux contre sa volonté. »
Une jeune femme prude et connaissant peu le monde épouse un jeune pasteur. Au lendemain de leur nuit de noces celui-ci se suicide en se jetant dans les chutes du Niagara. La jeune mariée égarée erre à proximité pendant une semaine, le temps que le corps soit retrouvé. Elle devient pour les médias locaux « la jeune Veuve Blanche des Chutes ». Durant cette semaine déterminante, elle fait la rencontre d’un jeune avocat prometteur qu’elle fascine et qui l’épousera. Commence alors une relation exigeante et passionnelle puis une vie de famille avant qu’un second drame ne précipite les enfants nés de cette union dans un maelström vertigineux.
Un bouquin passionnant une fois de plus ! L’écriture est d’une maîtrise totale et nous embarque dans une variété de situations, d’enjeux et d’émotions. La tête tourne un peu mais je suis admirative de la capacité de l’auteure de faire naître des personnages singuliers, vivaces et crédibles tout en animant en toile de fond les grands sujets de l’actualité américaine. Entre pouvoir des médias, émancipation des femmes, scandale écologique, lutte des travailleurs pauvres, relation entre ambition personnelle et mythe du self-made man, puissance de la famille, pression sociale et sentiment d’inadaptation pouvant faire songer au suicide, notion de réputation… il y a de quoi penser et repenser à ce livre longtemps !
C’est mon troisième JC Oates (après Nous étions les Mulvaney lu il y a longtemps et Petite sœur mon amour lu dernièrement dans le cadre de #écrireconserve)… et certainement pas le dernier ! J’ai prévu de lire bientôt son autobiographie mais en anglais ce coup-ci A Widow’s Story : A Memoir. 🙂