Maria avec et sans rien, Joan Didion.
Traduit de l’anglais par Jean Rosenthal.
@robert_laffont
« Elle était là pour faire quelque chose mais quoi, elle n’arrivait pas à le savoir. Toute la journée, presque toute la nuit, elle marchait et elle roulait en voiture. Deux ou trois fois par jour elle entrait dans tous les hôtels du Strip et dans quelques autres dans le centre et elle en ressortait. Elle se mit à prendre goût au choc physique qu’elle ressentait à entrer dans un endroit et à en sortir, avec le changement de température, le vent brûlant qui soufflait dehors, l’air lourd et glacé à l’intérieur. Elle ne pensait à rien.«
Jeune actrice déjà oubliée par Hollywood après deux films tournés par son mari, Maria ne sait pas vraiment quoi faire de sa vie. Alors elle boit, conduit sur des routes à perte de vue, pense à sa fille internée en hôpital psychiatrique, attend sonconjoint parti tourner avec des actrices plus fraîches ou plus connues, prend quelques somnifères, s’ébroue dans des soirées, fait une proie parfaite pour des hommes sans vergogne, s’essaie à l’adultère … et recommence sans espoir.
En une série de courts chapitres comme autant de polaroïds aux couleurs un peu hallucinées, Maria tourne et vire devant nos yeux.
@lili_desbellons propose de découvrir chaque mois une #sorcieredelalitterature et j’adore cette idée ! En décembre, on lisait Joan Didion et ça a été l’occasion parfaite pour moi de la découvrir en tant que romancière là où j’avais surtout lu ses essais, témoignages ou articles.
Eh ben j’ai pas été déçue du voyage !
J’ai retrouvé avec plaisir son cynisme et j’ai apprécié sa façon de décrire une femme à la dérive, perdue entre la vie qu’elle avait rêvée et le carton-pâte menteur du rêve américain. Son écriture romanesque m’a fait penser à Don Carpenter, avec un côté plus glauque et plus distant. Maria va continuer à errer longtemps en solitaire dans les méandres de mon cerveau…