Méduse, Martine Desjardins.

Editions L’Atalante.

« Un jour, j’irai moi aussi rejoindre les méduses. Mais, entre-temps, la vie m’appelle et je verrai bien où me portera son courant. Je ne regarderai pas en arrière. Je n’aurai de pensée ni pour toi ni pour personne. Je ne verserai aucune larme. J’ai un cœur de pierre.« 

Méduse (ainsi aimablement nommée par ses sœurs charmantes) est née avec une difformité que sa mère lui décrit comme répugnante et honteuse. Elle doit vivre recluse et cacher constamment ses yeux qu’elle n’a elle-même jamais vu. Sa famille finit par l’envoyer au loin dans un pensionnant pour jeunes filles aux corps encombrants (enfin, plutôt une sorte de maison close pour amateurs de physiques singuliers).
Elle y sera à nouveau maltraitée bien sûr mais trouvera le moyen d’affuter son intelligence et ses pouvoirs oculaires…

Quel étrange roman !
Il est tout à fait gothique (terreur et plaisir, troubles et tabous), complètement féministe (comment l’intelligence vient aux femmes et comment leur corps est une arme d’embrigadement ou de libération) et son écriture est remarquable (assez hypnotique, très imagé avec des accumulations baroques).
J’ai ressenti une forme de malaise à sa lecture tout en le trouvant parfaitement brutal.