Monsieur Vénus suivi de Madame Adonis, Rachilde.
Editions Folio
« Jacques, la tête renversée, avait encore son sourire de fille amoureuse, ses lèvres relevées laissaient voir ses dents de nacre, ses yeux agrandis d’un cercle bleuâtre conservaient une humidité rayonnante et, sous ses cheveux épais, sa petite oreille, épanouie comme une fleur de pourpre, leur donna, à tous, le même tressaut inexplicable.«
Monsieur Vénus. Au détour d’une course pour préparer un bal, une jeune aristocrate apparemment très bien élevée découvre un peintre dont le corps à la volupté presque féminine lui plait énormément. Elle le séduit sans vergogne, l’installe dans un appartement, lui rend visite habillée en homme et l’entretient pour son bon plaisir. A peu près ce que tout homme du même milieu ferait sans qu’on s’y attarde …
Madame Adonis. Louis et Louise, jeune couple de province vit sous la contrainte et le même toit que la mère de Louis. Aucun espace pour rêver ou ressentir, tout est tourné vers le respect des conventions et l’accumulation de sous. Lorsque le couple rencontre une jeune femme et ses frères, les sens s’échauffent et mari comme femme tombent amoureux de la sœur et de l’un des frères. Chaque petite trahison du mariage et chaque découverte passionnée n’est que le début d’un trouble beaucoup plus vaste.
J’ai dégusté et adoré ces deux récits publiés à la fin du XIXème qui jouent des conventions de genre avec une grande liberté !
Monsieur Vénus m’a fait penser à Huysmans pour son côté baroque, descriptif et décadent. Son érotisme joue sur le trouble des corps et des conventions.
Chez Madame Adonis, j’ai eu l’impression de débarquer dans un Balzac ou un Flaubert et je me suis délectée de la description d’un enfermement marital. Entre adultère et illusions, le mélange de moquerie et de sensualité est tout à fait réjouissant. En plus, tout est bien qui finit pour la réputation du ménage.
Les deux textes fonctionnent très bien ensemble, leurs différences les renforçant.
Vraiment, je vous conseille ces lectures !