Triple zéro, Madeleine Watts.
Traduit de l’anglais par Brice Matthieussent.
Rue de l’Echiquier
L’Australie bat des records de températures, les grands incendies apportent leur fumée jusque dans la ville. Dans ce climat oppressant, une jeune auteure peinant à écrire son roman commence un job temporaire au centre d’appel national des urgences australiennes. Huit heures par jour elle oriente les personnes paniquées ou menacées vers les pompiers, la police ou le Samu.
La chaleur harassante et ce métier singulier la grignotent peu à peu : ils font remonter en elles des épisodes douloureux qu’ils soient récents ou de l’enfance. Elle va peu à peu mettre en danger son corps comme son esprit en enchaînant les gueules de bois et les relations sexuelles avec des inconnus…
Quel bouquin puissant ! L’ambiance est tellement crédible (ce sont les Unes de nos journaux cet été), les violences faites à la Terre tellement similaires à celles faites aux corps des femmes, le glissement de cette jeune femme vers l’autodestruction tellement compréhensible.
C’est l’histoire d’un délitement, de la perte de soi, de la perte des refuges que l’on croyait sûrs.
Tout cela mêlé à la recherche de la « Mer intérieure » (celle qui donne son titre original au roman et que je trouve dix fois mieux que le Triple Zéro); une mer fantasmée par les explorateurs découvrant l’Australie et une mer comme un lieu de répit, une zone de calme en soi que l’on cherche à tout prix à sauvegarder.
Vraiment, c’est un excellent livre. Merci @ledevorateur de m’avoir donné envie de le découvrir !
Il est très âpre et très fort.