Un mariage américain, Tayari Jones
Traduit de l’anglais par Karine Lalechère.
« Malgré tout, quand on parle de chez soi, on ne pense pas à l’endroit où on a atterri. On pense à l’endroit d’où on a décollé. On ne choisit pas plus d’où on vient qu’on ne choisit sa famille. Au poker, on reçoit cinq cartes. Il y en a trois qu’on peut échanger et deux dont on ne peut se défaire : sa famille et sa terre natale. »
Alors qu’ils sont mariés depuis peu et que leur avenir est prometteur, la vie d’un jeune couple afro-américain assez aisé est soudainement bouleversée par l’emprisonnement du mari injustement accusé de viol. Le récit se déroule près d’Atlanta et tout souligne la puissance persistante d’un racisme institutionnalisé.
Une fois cet élément déclencheur installé, le roman s’attache à suivre trois personnages : l’homme, la femme et l’ami du couple dans les décombres de leurs vies après le procès. Le racisme initial devient peu à peu une toile de fond, un élément du décor dont on ne peut s’abstraire mais qui n’est pas l’objet de l’histoire tellement il est, au fond et bien malheureusement, banal.
L’auteure observe comment un jeune couple dont le mariage et la réussite incarnait le rêve afro-américain survit ou se délite une fois mis à l’épreuve. C’est un récit sur le couple, l’amitié et les liens familiaux mais surtout sur ce qui structure intimement une relation et l’engagement social qu’est le mariage.
Cette lecture a été pour moi assez mitigée : le contexte m’intéressait, le sujet un peu moins et l’écriture ne m’a vraiment pas accrochée. J’ai trouvé que, partant d’une base parfaite pour une tragédie, le style de l’auteur faisait perdre de l’intensité au sujet et finissait par raconter de façon un peu trop schématique les douleurs d’un triangle amoureux. Et j’ai du mal avec les discours moralisateurs des parents (surtout les pères) qui, dans ce livre, semblent toujours parler comme s’ils détenaient la vérité suprême…
Lu dans le cadre du #grandprixdeslectriceselle2020