Vers le paradis, Hanya Yanagihara
Traduit de l’anglais par Marc Amfreville.
Editions Grasset
« Il était comme ensorcelé, et s’en rendant compte, il ne faisait rien pour rompre le charme : il abdiquait, il désertait le monde qu’il connaissait afin d’en découvrir un autre, et tout cela pour essayer de ne plus être celui qu’il était et devenir celui qu’il rêvait d’être.«
En 1893, à New-York un riche héritier fragile doit choisir entre un mariage de raison avec un veuf plus âgé que lui ou l’amour fou avec un professeur de musique désargenté.
En 1993, alors que l’épidémie de SIDA fait rage, un jeune homme élevé à Hawaï vit à New York avec un homme plus âgé et plus riche à qui il n’a jamais raconté son enfance. Une lettre de son père arrive qu’il craint d’ouvrir.
En 2093, les épidémies mortifères se multiplient et les Etats-Unis sont un régime autoritaire. Une jeune femme solitaire, petite-fille d’un scientifique influent, découvre qu’une autre vie est possible.
C’est d’abord cette couverture sublime qui m’a donné envie de lire ce pavé : un tableau peint en 1898 par Hubert Vos, peintre néerlandais. La toile s’intitule : Iokepa, jeune pêcheur hawaïen. (Iokepa est la forme hawaïenne du prénom Joseph).
J’ai plongé dans ce roman intense sans retenue, embarquée par le talent de l’auteure pour créer un univers et des personnages saisissants. Quand j’ai basculé du premier récit au deuxième j’ai été très perturbée : il fallait que j’abandonne un monde ! Et voilà que des personnages nouveaux portaient les noms des précédents ! Cela m’a déstabilisée et j’ai trouvé ça très fort car très vite j’ai été immergée dans un autre texte tout en étant troublée car le premier continuait sa route en moi. Idem pour le troisième.
J’ai trouvé, bien sûr, beaucoup d’échos entre les trois récits (la maison, les questions de filiation, la masculinité, le rapport à la nature ou à la maladie, les jeux entre pouvoir et libre-arbitre, la force de l’imaginaire…) et j’aime comment ils constituent ensemble une œuvre distincte.
Et vous, vous l’avez lu ?