W ou Le souvenir d’enfance, Georges Perec.

W ou Le souvenir d'enfance

@limaginaire_gallimard

« Ce n’est pas comme je l’ai longtemps avancé, l’effet d’une alternative sans fin entre la sincérité d’une parole à trouver et l’artifice d’une écriture exclusivement préoccupée de dresser ses remparts : c’est lié à la chose écrite elle-même, au projet de l’écriture comme au projet du souvenir. Je ne sais pas si je n’ai rien à dire, je sais que je ne dis rien ; je ne sais pas si ce que j’aurais à dire n’est pas dit parce qu’il est l’indicible (l’indicible n’est pas tapi dans l’écriture, il est ce qui l’a bien avant déclenchée) ; je sais que ce que je dis est blanc, est neutre, est signe une fois pour toutes d’un anéantissement une fois pour toutes.« 

Deux récits se croisent et s’interrogent : celui, autobiographique, de l’enfance de l’auteur qu’il a bien du mal à convoquer tant il est recouvert par la grande Histoire et celui, fictif, de l’île de W où toute la vie est structurée autour d’une pratique sportive poussée à l’extrême.
A partir de ces deux textes qui semblent au début étrangers l’un à l’autre, l’auteur convoque la fiction pour faire revivre les documents d’une enfance malmenée et voit émerger peu à peu une lecture terrible de la réalité dans la fiction qu’il avait imaginée enfant.

Ce livre est un chef-d’œuvre. J’imagine que c’est une évidence pour un certain nombre de personnes mais pour moi qui avait terriblement peur de faire face à un texte vieillot c’est une révélation. Je ne sais pas ce que je m’étais imaginé en combinant ce titre et cet auteur mais je craignais l’ennui et la démonstration intellectuelle un peu vaine.
J’ai été touchée au cœur par ce roman dont je n’ai pas fini de déceler toutes les intuitions et les délicatesses.