Les poèmes de Primo Levi

Un #lundipoésie très fort avec les mots de Primo Levi dont j’aime énormément la poésie.
Ce recueil, « A une heure incertaine », rassemble ses textes poétiques de début 1943 juste avant son arrestation et sa déportation à Auschwitz à 24 ans jusqu’à la fin janvier 1987 peu de temps avant sa mort.
Vous y retrouverez le fameux « Si c’est un homme » qui donne son nom au texte le plus connu de l’auteur mais également beaucoup de poèmes tournés vers la vie.

J’ai choisi de vous partager le poème « Au commencement » (écrit le 13 août 1970 et traduit ici par Louis Bonalumi) dont j’ai retrouvé toute la force vitale en le relisant dernièrement.

« Frères humains pour qui longue est l’année,
Pour qui un siècle est un but vénérable,
Et qui peinez pour votre pain,
Irascibles et las, naïfs, perdus, malades,
Ecoutez, vous en aurez consolation et ridicule :
Il y a vingt milliards d’années,
Splendide, projeté dans le temps et l’espace,
Brillait, globe de feu solitaire, éternel,
Notre père commun, notre commun bourreau,
Il explosa.
Chaque transformation eut ainsi son début,
Encore, de cette catastrophe unique, et à rebours,
Des extrêmes confins, l’écho ténu résonne.
Tout, de ce spasme seul, a eu dès lors naissance :
Même l’abîme qui nous entoure et défie,
Même le temps qui nous engendre et emporte,
La moindre chose que chacun a pu penser,
Les yeux de chaque femme que nous avons aimée,
Mille et mille soleils, et cette main
Qui écrit.
 »