Les enténébrés, Sarah Chiche.
« Je ne me souviens pas de la voix de mon père, de son regard ni même de ce que pouvait bien être l’entendre rire ou partager un bon repas à ses côtés. C’est peut-être la raison pour laquelle j’ai trouvé à loger mon squelette dans le corps des lettres tracées une à une dans des carnets puis dans des livres. Pour donner une représentation aussi imagée que possible de cette forme de vie : mon centre de gravité ne se trouve ni entre mes jambes ni dans ma tête, mais dans l’abîme où je flotte, jusqu’à devenir l’abîme lui-même quand j’écris ou que j’aime – ce qui, chez moi, revient d’ailleurs au même. Cet abîme n’a pas de genre ni de sexe. Je ne me considère pas comme une femme ni comme un homme. Tout au plus suis-je un personnage au sein duquel vivent d’autres personnages, tous parlant entre eux et formant une constellation dont je ne connais pas l’épicentre. »
La narratrice Sarah – comme l’auteure – raconte, en mêlant les temporalités et les points de vue, la vie d’une famille marquée par la guerre, la création et la folie.
Un moyen d’évoquer par le prisme de la narration et de la psychanalyse tous les maux du XXème et XXIème siècles – de la Shoah à la colonisation, aux catastrophes humanitaires et climatiques – et d’y ancrer quatre générations de femmes « maudites » pour leur folie et leur sexualité.
Certaines phrases m’ont beaucoup touchées notamment les descriptions de la passion amoureuse ou de l’évasion par l’imagination. Mais ce roman m’aura aussi donné l’impression de plonger- parfois jusqu’à l’écoeurement – dans une histoire très personnelle.
Bref, si je suis convaincue de l’importance de ce texte pour son auteure je ne suis pas certaine qu’il le soit autant pour moi.
Lu dans le cadre du #prixmeilleurromanpoints @editionspoints