La trilogie des jumeaux (Le grand cahier, La preuve, Le troisième mensonge), Agota Kristof.
« Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues il vaut mieux éviter leur emploi et s’en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c’est-à-dire à la description fidèle des faits. »
Des jumeaux grandissent dans un pays en guerre. A partir de ce postulat, l’auteure construit une œuvre saisissante et brutale qui prend aux tripes et pose de grandes questions.
Le 1er livre est le récit conjoint des jumeaux qui relatent leur quotidien de façon très froide dans un grand cahier. Il est marqué par une grande violence, une perte profonde des repères moraux et une volonté farouche de survivre.
Le 2ème livre est le récit d’un des jumeaux resté au pays alors que son frère a traversé la frontière. Il est maintenant très seul et va peu à peu prendre soin de différentes personnes, développer des amitiés et une relation amoureuse tout en racontant sa vie dans un livre.
Le 3ème livre est divisé en deux récits, un par jumeau. Celui qui a traversé la frontière revient après cinquante ans d’exil. Il a pris le nom de son jumeau ce qui augmente le trouble du lecteur. Celui resté au pays s’est construit une vie fondée sur l’absence et la culpabilité. Chacun fait le récit d’un traumatisme de leur enfance qui n’avait jamais été mentionné auparavant et remet en question tout ce qui a été lu.
J’ai adoré ces livres et cette construction mêlant histoire, récit, mensonge et questionnant le lien familial et l’identité dans un pays où la guerre a développé une culture de la suspicion. Ma préférence va au premier livre – le plus féroce et celui dont l’écriture est la plus saisissante.
Ma mère m’a offert ces livres à Noël dernier, recouverts de papier kraft car elle trouvait que les quatrièmes de couverture pouvaient biaiser ma lecture…😉