La constellation du chien, Peter Heller.
Traduit de l’américain par Céline Leroy.
« Je veux être deux personnes en même temps. Une prend la fuite.«
Après la grande grippe qui a décimé la quasi-totalité de la population américaine, deux hommes survivent au cœur du Colorado. Ils sont très différents. L’un est un homme d’action tendance militaire survivaliste; il se charge de défendre leur périmètre, un aérodrome abandonné.
L’autre – le narrateur – est un féru de poésie chinoise, épris de la nature et pilote amateur ; il pêche et chasse avec son chien pour les nourrir et survole les alentours dans un petit Cessna – comme une vigie.
Après la pandémie, la nature a repris ses droits et les rapports humains sont avant tout perçus comme un menace. Pourtant, lorsque lors d’un de ses vols le narrateur croit entendre quelqu’un répondre à son signal depuis un autre aérodrome, le besoin viscéral de nouer un nouveau contact reprend le dessus…
Difficile de rapporter de façon synthétique les effets de cette lecture…
Je l’ai beaucoup appréciée : le mélange de poésie et de violence m’a semblé très juste, le narrateur m’a totalement emportée dans ses pensées et émotions, le retour forcé à la terre est décrit sans trop de lyrisme mais avec une réelle précision.
Forcément aussi, ma lecture a pris une texture tout autre pour avoir été faite dans le contexte actuel. Je dois dire qu’alors je n’avais jamais eu de crise d’angoisse depuis le confinement (des hauts et des bas bien sûr mais rien de plus) je me suis réveillée au beau milieu de la nuit en repensant à ce livre. Comme aux abois.
Je retrouve également dans la structure et l’écriture la volonté de l’auteur (comme dans son livre Céline que j’avais également beaucoup aimé) de finir sur une note plus douce, chargée d’espoir. Cela aurait pu m’agacer mais je n’y vois pas, dans ce cas, la recherche du happy end pour rassurer facilement le lecteur mais plutôt une conviction profonde et sincère à laquelle je veux croire.