Dieu, le temps, les hommes et les anges, Olga Tokarczuk.
Traduit du polonais par Christophe Glogowski.
« Imaginer, c’est en somme créer, jeter un pont entre la matière et l’esprit. Surtout quand on pratique cet exercice aussi souvent qu’intensivement. L’image se transforme alors en gouttelettes de matière et s’intègre au courant de la vie. Parfois, en cours de route, elle se déforme quelque peu. En somme, tous les désirs humains se réalisent, s’ils sont suffisamment intenses, et pas toujours de la manière qu’on s’était imaginée. »
Antan est un petit village polonais, censément le centre de l’univers. Gardé par quatre archanges aux quatre points cardinaux, baigné par deux rivières aux tempéraments complémentaires, le village est un globe miniature qui va peu à peu être ébranlé par le passage de l’Histoire et réaliser son destin symbolique. Le châtelain du village reçoit en effet du rabbin un cadeau déterminant : un jeu dit du Labyrinthe ou chaque coup de dé et chaque décision prise par cet homme va changer les vies des habitants.
Sorte de conte dramatique, ce roman très particulier raconte le ravage d’un microcosme par la folie des hommes. Antan, c’est le monde et chacun de ses habitants une figure symbolique, chaque événement un tirage de cartes de tarot que le lecteur doit interpréter en tâtonnant. On s’y égare, on y retrouve des réflexions qui nous touchent et le texte fonctionne comme une chambre d’écho aux doutes et espoirs du lecteur. Les premières pages du roman m’ont instantanément immergée dans un univers que j’ai eu envie d’en dessiner la structure…
J’ai aimé retrouver l’imagination et la force de démonstration de cette auteure (la citation que j’ai choisi de mettre en début de post est une belle mise en abyme à mon avis 😊) grâce au #bookclub d’@palir_au_soleil #cemoiscionlit !
Je continue à préférer Sur les ossements des morts de la même auteure mais celui-ci vaut tout à fait le détour!