Clair-Obscur, Don Carpenter.
Traduit de l’anglais par Céline Leroy.
Editions 10 18
« Rosemary se dit qu’il était d’une laideur terrible et pitoyable, y compris dans la pénombre, et éprouva un chagrin profond pour les difficultés qu’affrontaient les personnes laides dans une société à ce point vouée à la beauté lisse; un paria, un rebut, condamné à une vie d’obscurité.«
Après 18 ans d’internement, un homme de 35 ans sort de l’hôpital psychiatrique. Le lecteur ne sait pas pourquoi il a été initialement interné mais il est considéré au moment de sa sortie comme simple d’esprit et inoffensif. Flottant, il se retrouve dans la ville de son adolescence et se construit peu à peu une routine solitaire. Lorsqu’il recroise un ancien camarade de lycée à la fois admiré et craint c’est le déclic qui va le replonger dans son passé douloureux et ses envies de vengeance dangereuses.
Ce roman m’a laissé un poids sur le plexus tout au long de ma lecture. Le personnage principal est à la fois laid, méprisé, faible et éperdu de reconnaissance. Le récit de son adolescence est aussi celui des mécaniques de rejet et des solitudes, de la violence du groupe contre les plus fragiles. Chaque personnage est décrit d’une façon saisissante et poignante, qu’il soit attachant ou haïssable. Celui qu’on méprise ou violente n’est pas toujours sympathique et celui qui semble en position de force se perd autant que les autres.
J’avais découvert Don Carpenter dans le bookclub #cemoiscionlit de @palir_au_soleil et cette lecture renforce à la fois mon admiration pour cet auteur et le cafard qu’il me file 😊