Personne morale, Justine Augier.

Editions Actes Sud.

 » En début d’après-midi, ils comparaissent les uns après les autres devant les juges d’instruction qui les interrogent à leur tour, de façon directe, en ramassant et en compressant les faits, comme pour aider les hommes à comprendre : Qu’est-ce qui justifiait que des organisations terroristes et notamment Daech – dont les actes criminels ont gravement et irrémédiablement porté atteinte à la France – soient ainsi financées à hauteur de la somme de 12 946 562 euros par Lafarge entre 2011 et 2015 ? « 

L’entreprise Lafarge est accusée d’avoir, pour son intérêt économique privé, choisi de poursuivre son activité en Syrie au cœur de la guerre, allant jusqu’à verser des millions à des groupes djihadistes dont Daesh. Le tout en « protégeant » son personnel expatrié alors qu’elle exposait ses salariés syriens à des dangers mortels.
Une série de jeunes femmes avocates ou juristes, stagiaires ou expérimentées, décident de construire le dossier qui permettra d’établir la responsabilité non seulement des dirigeants de Lafarge mais aussi de l’entreprise elle-même en tant que personne morale.

Quel livre ! J’ai été captivée par ce récit ardent, à la précision documentaire étourdissante et à la puissance d’évocation angoissante. Le travail de fourmis de ces femmes expertes pour faire chuter un Léviathan dont les membres sont majoritairement masculins est saisissant. Les pages m’on fait osciller entre désespoir et enthousiasme.