Alors nous irons trouver la beauté ailleurs, gymnastique des confins, Corinne Morel-Darleux.
Editions Libertalia
« Cheminer sur cette ligne de crête qui oscille sans cesse entre inquiétude et émerveillement, et y trouver nos points d’équilibre, implique une égale aptitude à déceler la beauté, à s’en réjouir et à poser un regard lucide et déterminé sur ce qui est en train de la saccager. Dans une ère marquée par l’ambiguïté, passer en un éclair d’une humeur primesautière à la plus profonde des gravités n’est pas faire œuvre d’inconstance. Cultiver son esprit et regarder la catastrophe en face sans y perdre toute légèreté n’est pas de l’insouciance. Et se retirer de l’anormalité du monde pour mieux l’embrasser n’est pas une désertion. Ce va-et-vient, cette gymnastique des confins, est une des plus belles manières d’éviter le cynisme comme l’angélisme, et in fine, de rester dignement humain.«
Dans ce texte court, puissant et généreux, l’autrice interroge la tension qu’elle ressent entre son bonheur personnel et sa douleur face à l’état du monde. Comment vivre avec et faire cohabiter avec justesse ces deux états?
Journal de voyage, poème, manifeste militant, ce texte parle du monde en nous encourageant à une lucidité active.
J’avais tellement aimé « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce » (une réflexion sur la décroissance et la non-participation à la course folle de la production) que je me gardais ce texte comme un bonbon pour un jour de peine.
Je suis ravie de l’avoir enfin lu avec @irismililoba et de pouvoir poursuivre la conversation sans hâte autour de ce qu’il suscite en nous.
J’y ai trouvé mille petits fils à tirer ou à broder dans mes réflexions et mes actions ainsi qu’une source d’énergie pour persister dans le choix de la douceur militante au quotidien.
Je vous conseille vivement de le lire en vous donnant le temps et l’espace pour le déguster et le laisser déposer en vous des sédiments fertiles.
(Ce libre m’a aussi donné très envie de découvrir les textes écrits par Rosa Luxembourg en prison.)