Autobiographie, mémoires d’une recluse, Elisavet Moutzan-Martinengou.
Traduit du grec par Lucile Arnoux-Farnoux
Editions Cambourakis
L’auteure nait au tout début du XIXème siècle au sein d’une famille aristocratique et sur une île grecque très particulière où la coutume veut que les femmes vivent recluses. Elles ne sortent pas de la maison et sont même, au sein de leur propre demeure, tenue à l’écart des hommes. Dans ces conditions bien sûr leur seule éducation vise à leur permettre de tenir la maisonnée et de réaliser quelques tâches domestiques. Pas d’apprentissage autres qu’une lecture et écriture sommaire alors qu’au même moment leurs pères, frères ou cousins voyagent, s’éduquent, parlent plusieurs langues…
Pourtant l’auteure va réussir, à force de ténacité et par un travail acharné, à apprendre à lire et à écrire. De ce premier pas essentiel, elle réussira à absorber peu à peu tout ce qui passe à sa portée au gré des conversations avec les religieux admis au domicile ou des « largesses » de son père qui lui offre un dictionnaire ou la laisse accéder à ses livres. Entre lectures et écriture, son raisonnement s’affine et s’affirme et elle va ainsi créer poèmes, fables ou pièces de théâtre.
On suit en parallèle de cet apprentissage sa recherche éperdue de moyens pour s’échapper de chez elle tout en conservant son honneur : en partant au monastère ? en fuyant en secret ? en se mariant ?
Cette lecture très courte est complètement saisissante. Elle m’a enragée à plus d’un titre : par la situation décrite, par ce que sont devenus ces carnets expurgés par son fils puis définitivement perdus et enfin par la résonnance avec certains sujets d’actualité. (Bon, en même temps je suis enragée de nature sur ces sujets…)