Chien Blanc, Romain Gary.


Editions Folio

« Au contact de la Seberg, il m’arrive de retrouver un peu de cette candeur qu’il faut pour gagner en sachant perdre. J’entends par là qu’il faut continuer à faire confiance aux hommes, parce qu’il importe moins d’être déçu, trahi et moqué par eux que de continuer à croire en eux et à leur faire confiance.« 

Dans les années soixante, Romain Gary et Jean Seberg naviguent entre la France et les Etats-Unis. Jean s’engage très activement dans la lutte pour les droits civiques des afro-américains. Après avoir recueilli un berger allemand, le couple comprend que celui-ci est un « chien blanc » : un chien dressé pour attaquer les Noirs. Impossible pour eux de le faire euthanasier, impossible aussi de le garder en l’état. Est-il « récupérable » ? Qui voudra bien essayer de le « re-dresser » ? Avec ce chien c’est toutes les contradictions et la violence raciale des Etats-Unis auquel l’auteur se confronte.

Mais quel délice de lire Romain Gary! J’aime toujours autant son esprit, sa flamme, sa mauvaise foi et son côté fanfaron. Sa façon de raconter son expérience de la lutte américaine pour les droits civiques hésite entre grande acuité du regard, crises de rage, fuite et ras le bol. Il parle beaucoup (gueule parfois), s’emporte tout en faisant preuve de sensibilité et se débat avec un sujet immense et profondément concret.