Choses dernières, Umberto Saba.

Un #lundipoésie profond, charmeur et mélancolique avec les poèmes d’Umberto Saba dans le très beau recueil bilingue « Choses Dernières » paru chez Ypsilon et traduit par Bernard Simeone.

Ce poète juif italien a une histoire personnelle intense et douloureuse qui nourrit son attention à la beauté du monde. Entre une enfance marquée par l’absence de son père et l’arrachement à sa nourrice et une vie adulte marquée les deux guerres mondiales (dont une l’aura obligé à fuir de façon répétée avec femme et fille) il aurait pu devenir amer. Sa foi dans la force de l’art et sa découverte de la psychanalyse lui donneront au contraire la force de parler avec simplicité de ses émotions profondes.

Je suis emportée par ses textes humbles, parfois désabusés mais toujours doux et attachés à la vie. Il m’est très difficile de choisir un seul poème tant chacun d’entre eux me parle. Je vous présente le poème « Depuis ».

 » Depuis que ma bouche est presque muette
j’ aime les vies qui ne parlent presque pas.
Un arbre ; et tout juste – il s’ arrête où
je m’arrête, reprend joyeux mon chemin –
l’ animal docile qui me suit.

Il se résigne au joug qu’on lui impose.
Me jette, au plus, un regard suppliant.
Enseigne, par son silence, d’ éternelles vérités.
«