Contre le développement personnel, Thierry Jobard.
Contre le développement personnel, Thierry Jobard.
Rue de l’echiquier
« Le nouveau mode de gestion des émotions, de l’intériorité par l’autocontrôle et l’autosurveillance, prend l’aspect d’une liberté de se sentir mieux. »
Comment est-il possible qu’autant de livres sur le développement personnel soient publiés? Comment expliquer cette profusion ? Que viennent-ils conforter et qui viennent-ils réconforter ? Sont-ils là pour nous faire du bien ou bien nourrissent-ils insidieusement une perpétuelle insatisfaction ?
L’auteur, responsable du rayon Sciences Humaines d’une grande librairie, s’étonne, s’enquiert puis s’insurge. Ce court texte est donc à charge. Une charge à la fois très réfléchie et tout à fait impertinente.
Beaucoup de choses ont fait écho à mes réflexions dans cette lecture.
L’envie que j’observe croissante autour de moi (et en moi d’ailleurs) de « trouver des solutions » à chaque situation sans même qu’il n’y ait nécessairement de problème à résoudre.
Comment la quête d’un mieux-être individuel peut enfermer chacun dans les limites de son propre nombril : son expérience et son développement, l’affaire et la responsabilité d’une vie.
Le développement personnel comme un encouragement à se consommer soi-même, s’upgrader perpétuellement, devenir meilleur(e), plus aimable, plus serein(e), plus efficace, plus créatif, plus épanoui(e)… une course sans fin où on n’est jamais véritablement à la hauteur de ses propres attentes.
Et puis, bien sûr, la folie du langage « managérial » qui veut tout réguler, rendre prévisible et compréhensible et qui a pour effet de lisser les émotions et les pensées.
Ce n’est pas exactement un livre léger mais, comme tout texte cynique, il est revigorant !