Disappearing earth, Julia Phillips.

Au beau milieu du Kamchatka, terre isolée aux confins de la Russie, deux petites filles disparaissent. C’est le point de départ dramatique d’une investigation structurée en 12 mois autour de 12 personnages féminins tous liés – même d’une façon lointaine – à cet événement.

J’ai mis du temps à rentrer dans ce roman parce que chaque mois semble d’abord fonctionner comme une nouvelle autour d’un personnage féminin saisi à un moment critique de sa vie. Je n’arrivais pas à comprendre la vision d’ensemble, là où l’histoire s’en allait. Ces portraits sont extrêmement vivaces, souvent poignants. Ce qui m’a le plus frappé c’est finalement la solitude de toutes ces femmes et leurs rapports ambigus avec des hommes souvent menaçants ou bien absents.

Une fois abandonnée l’intention tenace de tourner les pages pour comprendre ce qui s’était passé je me suis donc laissée porter au gré de ces immersions dans des vies complexes et des émotions intenses. J’ai trouvé que c’était la vraie force de ce roman.

Une question continue cependant de me tarauder. Un des sujets centraux du livre est la distance et la méfiance mutuelle entre les autochtones du Kamchatka et les Russes, défiance qui va freiner l’enquête autour de ces disparitions. L’auteure étant Américaine je me suis beaucoup demandée pourquoi elle n’avait pas travaillé cette thématique en la plaçant sur le territoire américain… il y a pourtant de quoi faire et de quoi écrire sur ce sujet. Je me suis demandée si c’était pour se sentir plus libre dans son imagination ou bien un moyen détourné d’adresser le sujet (mais du coup je ne suis pas sûre d’aimer le procédé). Bref.

En tout cas merci @madame.tapioca pour cette très bonne idée de lecture !

Sachez également que ce livre est traduit en français et publié sous le titre Dégels chez @editionsautrement, plus rien ne vous retient donc de le lire… 😉