Dites aux loups que je suis chez moi, Carol Rifka Brunt.

Dites aux loups que je suis chez moi

Traduit de l’anglais par Marie-Axelle de La Rochefoucauld.
@editions1018

« Je me demandais vraiment pourquoi les gens faisaient toujours des choses qui ne leur plaisaient pas. J’avais l’impression que la vie était comme un tunnel de plus en plus étroit. A la naissance, le tunnel était immense. Toutes les possibilités vous étaient offertes. Puis, la seconde d’après, la taille du tunnel était réduite de moitié. On voyait que vous étiez un garçon et il était alors certain que vous ne seriez pas mère, et probable que vous ne deviendrez pas manucure ni institutrice de maternelle. Puis vous commenciez à grandir et chacune de vos actions rétrécissait le tunnel. Vous vous cassiez le bras en grimpant aux arbres et vous pouviez renoncer à être joueur de base-ball. Vous ratiez tous vos contrôles de mathématiques et vous abandonniez tout espoir d’être un jour un scientifique de renom. Ainsi de suite année après année jusqu’à ce que vous soyez coincé. Vous deviendriez boulanger, bibliothécaire ou barman. Ou comptable. Et voilà. Je me disais que le jour de votre mort, le tunnel était si étroit, après avoir été rétréci par tant de choix, que vous finissiez écrasé.« 

Années 80, June est une adolescente singulière un peu isolée. Ses plaisirs sont de s’imaginer vivre à une autre époque et de voir son oncle Finn, un peintre plein de charmes. Il est d’ailleurs en train de faire un portrait d’elle et de sa sœur. Lorsque Finn meurt de cette maladie dont on ne parle qu’à mi-voix (le SIDA) et que June aperçoit un inconnu à son enterrement c’est son enfance qui s’enfuit.Traversée des apparences, deuil, audaces et transgressions vont modeler sa façon de voir le monde.

Merci @alice_legendre_liber d’avoir parlé de ce livre et m’avoir ainsi permis de le découvrir ! J’ai plongé dans cette période familière et beaucoup apprécié la manière dont l’auteure donne toute leur place aux ambiguïtés de cet âge. J’ai trouvé ce roman très émouvant (parfois un peu facilement) et son atmosphère m’a longuement accompagnée.