En Amérique, Susan Sontag.
Traduit de l’anglais par Jean Guiloineau.
Editions Bourgois
« J’aime la part de révolte qui est en moi, car j’ai une conscience aigüe de ma facilité à céder, à répondre servilement à l’attente des autres. Comme je lutte contre cette immense part de moi qui est un esprit conquis, impatient d’obéir – une part plus vaste assurément parce que je suis une femme, élevée pour obéir. C’est en partie ce qui m’a attirée vers la scène. Mes rôles m’ont enseigné la confiance et la méfiance. Jouer à été un moyen de vaincre l’esclave en moi. »
A la fin du XIXème siècle, l’étoile du théâtre polonais décide de partir pour l’Amérique avec un cercle de proches (un mari, un enfant, un soupirant, des amis, une domestique…) fonder une communauté utopique en Californie.
En plusieurs tableaux approfondis (le départ, le voyage, les débuts de la communauté, sa dissolution progressive, le nouveau projet, le succès etc.) ce roman nous plonge dans une époque intense pour raconter le destin d’une femme hors du commun.
Passionnante, égoïste, volontaire, cette actrice est un esprit puissant qui se débat avec sa vie et son art. Elle veut changer, elle veut faire des découvertes. Elle ne veut pas se contenter de ce qu’elle a, elle veut garder en elle le sentiment de la mise en danger … tout pour nourrir son âme.
Son appétit intérieur en fait une force motrice pour tout un groupe qui va, lui aussi, devoir affronter ses propres aspirations et limites. L’immensité de la mer puis des terres de Californie vont servir de révélateurs. Une nouvelle liberté est offerte à chacun, qu’en feront-ils ?
Après un début de lecture un peu poussif, j’ai adoré ce roman. Je connaissais surtout les essais de Susan Sontag où son esprit incisif fait merveille. J’ai beaucoup aimé découvrir la virtuosité de son écriture dans une fresque où les idées et les tempéraments bouillonnent.
Une lecture commune fantastique en Amérique donc avec @toutcequejaimais et @silence_on_lit !
Je me garde son autre roman « L’amant du volcan » en tête pour cet été…