Hôpital Psychiatrique, Raymond Castells.
« Lorsqu’un psychiatre décrète qu’un individu est psychologiquement malade, il se réfère toujours aux normes d’une société réputée, elle, être « normale » et « en bonne santé ». Mais si cette société est elle-même en mauvaise santé, comme c’est en ce moment le cas de nos pauvres pays de l’Europe – la France pétainiste, l’Allemagne nazie, l’Espagne franquiste, l’Italie fasciste – que valent ces normes ? Et quel individu a le plus de chances de rester en bonne santé mentale : celui qui intègre ces normes morbides ou celui qui les rejette ? c’est pourtant le second qui sera mis au ban de la société, enfermé, peut-être broyé. N’oubliez jamais cela : on est toujours fou par rapport à une société donnée. Au Moyen Age, un impie était considéré comme fou – d’où les bûchers de l’Inquisition. Dans tous les régimes autoritaires, les opposants ont toujours été considérés comme des déviants atteints de graves maladies mentales, qu’il faut soit éliminer, soit interner dans des camps ou des asiles pour les isoler du reste de la population. »
Un roman noir efficace qui nous plonge au coeur d’un hôpital psychiatrique où cohabitent durant la Seconde Guerre Mondiale des internés qui ne sont pas tous fous, des soignants qui ne sont pas tous formés, des résistants qui ne sont pas tous très droits, des pétainistes qui ne sont pas tous convaincus et des allemands qui ne sont pas tous très orthodoxes…
Une poudrière improbable qui permet à l’auteur de souligner violences et incohérences de ce qui se présente comme une institution.
Merci @books_njoy pour cette idée de lecture passionnante!