La neuvième heure, Alice McDermott.

Traduit de l’anglais par Cécile Arnaud.

« Mais à cette heure-ci, quand le soleil était de l’or ondoyant sur l’horizon, ou une pêche pâle, ou même seulement, comme maintenant, une perle grise, elle sentait l’haleine chaude de Dieu dans sa nuque. A cette heure, la ville entière avait pour elle l’odeur d’une cathédrale – pierre humide, eau froide et cire de cierge -, et le bruit de ses pas sur le trottoir et aux croisements lui évoquait un prêtre s’approchant de l’autel en souliers cirés. Ou un fiancé, peut-être, sorti d’un des romans sentimentaux qu’elle avait lus, jeune fille, où il n’était question que d’amour et d’attente.« 

A la mort de son mari qui s’est suicidé, une jeune veuve enceinte est prise en charge par les bonnes sœurs d’un couvent proche. Dans la communauté catholique et irlandaise de Brooklyn, la jeune mère et l’orpheline vont mener une vie sous la protection de sœurs aux tempéraments complexes et bienveillants.
La narration omnisciente est faite par les enfants de cette orpheline et rapporte les différentes étapes d’une vie où l’amour a progressivement racheté la douleur et la perte.

J’ai beaucoup aimé cette lecture pour plusieurs raisons :
– la description d’une communauté de sœurs faite avec bienveillance et mais sans angélisme du tout (alors que la plupart des romans insistent sur les côtés violents ou malfaisants des institutions catholiques);
– la force incroyable des descriptions notamment de sons et d’odeurs qui m’ont plongée intensément dans les scènes, rendant les lieux vivants
– le calme du récit, son ton doux et lent alors qu’il expose des sentiments et des situations qui pourraient n’être présentées que pour leur côté dramatique
Cela a été un vrai plaisir de lire un roman chaleureux et profond sans niaiserie ni « trucs faciles » pour tirer des larmes au lecteur…

Merci @isianddi pour cette très bonne idée de lecture !