La passe dangereuse, Somerset Maugham.
Traduit de l’anglais par E.R. Blanchet.
@editions1018
« Désertes à cette heure, les rues donnaient plus que jamais l’impression d’une cité morte. On eût pris les rares passants pour des fantômes. Dans un ciel sans nuages, le soleil levant répandait une divine douceur. Par ce frais et souriant matin, il paraissait incroyable que la ville suffoquât, comme l’homme qu’étranglent les mains d’un fou, sous la sombre étreinte du choléra.«
Dans l’Angleterre des années 20, pour éviter de se marier après sa sœur cadette, une jeune femme enjouée et frivole épouse un bactériologue lucide que n’intéressent pas les mondanités. Le couple part pour Hong-Kong où la jeune épousée découvre la vie d’expatriée. Les différences de tempéraments se font plus saillantes et la jeune femme prend un amant, diplomate prometteur, moustachu et très couru (et coureur).
La liaison découverte, son mari lui pose un ultimatum moral et mondain et l’embarque en Chine intérieure au beau milieu d’une épidémie de choléra…
J’ai lu ce bouquin dans le cadre de #cemoiscionlitsomersetmaugham le bookclub d’@palir_au_soleil mené ce mois-ci par la fantastique @readreadbird ! Je suis sortie mitigée de cette lecture.
J’apprécie la capacité de Maugham à créer une atmosphère efficace en très peu de lignes, son humour caustique et sa dénonciation des gens contents d’eux, son aisance à enchaîner actions et descriptions de façon très fluide. Au contraire, j’ai eu du mal avec ce personnage féminin d’écervelée et le côté très judéo-chrétien de la souffrance et de la rédemption. J’ai trouvé très juste la description du manque d’amour maternel qui mène la jeune femme à un mariage pour « ne plus être un poids » et ces personnages féminins tributaires de leur mari. Quant à sa vision de la Chine, impossible de déterminer s’il est uniquement dans le colonialisme d’époque où s’il s’y glisse une critique de l’attitude de ses contemporains.
Bref, c’est court, c’est mi-incisif mi-lourdingue et ça se lit très bien. 😊