Le chant de corbeau, Lee Maracle.
Traduit de l’anglais par Joanie Demers.
Mémoires d’encrier
« Toute mort prématurée faisait en sorte que chacun perdait un bouffon, un herboriste, un guérisseurs spirituel ou un philosophe qui semblait comprendre le code de conduite, la Loi, de même que le lien unissant les membres d’une famille. Tout le monde était utile à la communauté, chaque personne agissant comme un secteur du cercle familial sur lequel reposaient la santé et le bien-être de tous. Bref, toute personne disparue était une pièce manquante du cercle pour laquelle il n’y avait pas de substitut.«
Mon résumé
Au Canada dans les années 50, la politique d’assimilation bat son plein. Les pensionnats autochtones recourent à une grande violence pour transformer les premières nations et leur culture en simples souvenirs. Lorsque surgit l’épidémie de grippe asiatique, les communautés sont tout simplement abandonnées. Le chant de corbeau flotte dans les airs et commente les actions humaines.
Au sein d’un petit village que la grippe dévaste, une jeune fille et les femmes de son entourage s’unissent pour préserver les leurs. Usages de plantes, entraide et répartition des rôles, importance des souvenirs et des histoires partagés rythme le quotidien. Ce roman s’attache à raconter l’histoire des plus faibles, ceux que l’histoire tente de mettre de côté.
Mes impressions
Quel bonheur que ce livre ! Quelle chance de pouvoir découvrir « de l’intérieur » Le Chant de corbeau. Cette culture matriarcale, son intelligence humaine, son humour et sa vision du monde comme un grand tout!
Rien de mystique, juste une écoute de soi et de l’environnement et une capacité à intégrer dans sa réflexion des points de vue différents.
Le personnage central du récit, par le simple fait d’aller à l’école avec des blancs et non pas dans un pensionnat autochtone, observe avec attention les écarts entre ces deux univers. Elle s’interroge sur l’attrait ou pas qu’elle éprouve pour eux.
Le texte est à la fois très énergisant et assez désespérant. Cela reste le récit d’une culture qui disparait peu à peu, une finesse qui se fait dévorer par le rouleau compresseur occidental.