Le ministère de la douleur, Dubravka Ugrešić.

Traduit du croate par Janine Matillon.

« Je prononce un mot, mais je ne sens pas son contenu, je sens un contenu, mais je ne sais pas trouver le mot juste. Je me demande si l’on peut faire quoi que ce soit, raconter une histoire, par exemple, dans une langue défectueuse qui n’a pas appris à décrire la réalité, tant est complexe le vécu de la réalité intérieure. »

Une jeune femme devient professeure de littérature à la fac d’Amsterdam après avoir fui la guerre et l’ex-Yougoslavie. Ses étudiants étant quasiment tous des yougoslaves exilés comme elle, elle décide de les faire travailler sur leurs souvenirs et sur la disparition de leur pays. Cette décision périlleuse va enclencher de nombreuses réactions en chaîne, pas toutes bienvenues.

Un roman incroyable qui traite sur un ton tragi-comique de thématiques essentielles comme l’identité, la langue, le sentiment d’appartenance. Entre « Yougonostalgie » ambivalente et enquête sur ce qui constitue un foyer, l’auteure est incisive et ne laisse aucun répit à son personnage principal dont tous les mouvements intérieurs seront disséqués sans pitié.
Je suis impressionnée par l’intelligence de ce texte et j’ai hâte de poursuivre ma découverte de cette auteure en lisant Le Musée des redditions sans condition.

Un grand merci @toutcequejaimais
pour cette très bonne idée de lecture que je n’aurais pas découverte sinon!